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Culture

«IL FAUT RECONSTITUER LA FILIERE DISTRIBUTION CINEMATOGRAPHIQUE»

Pour relancer le cinéma sénégalais, l’Etat du Sénégal s’est lancé dans la réhabilitation et la construction de salles (de cinéma). Mais, selon Hugues Diaz, le directeur de la Cinématographie, il faut de véritables distributeurs pour pousser le public vers le cinéma. Hugues Diaz pense qu’il est temps, pour le Sénégal, de se doter d’un «environnement économique, législatif et réglementaire» pour que notre cinéma puisse aller de l’avant.
Le manque de salles de cinéma avait fini par inquiéter les férus du 7e art. Autrefois symbole d’une industrie cinématographique dynamique au Sénégal, les salles de cinéma ont fini par être délaissées. Beaucoup d’entre elles comme «Cinéma Liberté» ou «El Mansour» avaient fermé leurs portes, recouvertes de débris ou même réduites à des abris pour animaux domestiques errants ou utilisées à d’autres fins. Fermeture et changement de statut qui a fini par inquiéter les cinéastes qui ne cesse de réclamer l’ouverture de salles de cinéma pour aider à relancer l’industrie cinématographique.
 
En réponse, l’Etat du Sénégal a ainsi engagé la restauration de salles de cinéma. De nouvelles salles sont construites, comme le Complexe Sembène Ousmane, Canal Olympia qui, depuis quelque temps, donnent la part belle au cinéma africain. «Pour le projet 2010-2017, on a octroyé des financements. 4 projets avaient été retenus notamment les projets de promoteurs qui n’avaient pas essayé de fonctionner; c’est le cas du cinéma Médina, le cinéma Christa à Grand Yoff, le cinéma de Ziguinchor», a fait savoir le directeur de la Cinématographie, Hugues Diaz.
 
Et d’ajouter: «tous ces cinémas qui n’avaient pas arrêté leurs activités avec la crise de cinéma qu’on a eu à connaitre dans les années 90, ont été retenus et appuyés pour que ces salles d’abord puissent se transformer suivant les standards technologiques, c’est-à-dire aller vers la numérisation et aussi vers une retransformation».
 
CE N’EST PAS A L’ETAT D’OUVRIR DES SALLES OU DE FAIRE DE LA DISTRIBUTION CINEMATOGRAPHIQUE
 
Toutefois, le directeur de la Cinématographie tient à préciser que «ce n’est pas l’Etat qui ouvre des salles, c’est au secteur privé que nous appuyons pour l’exploitation cinématographique au Sénégal. On a appuyé un peu par un accompagnement institutionnel d’ouverture du complexe de Sembène Ousmane qui est au Magic Land. On n’a pas mis de l’argent, mais on les a accompagnés dans la technicité, c’est des appuis institutionnels que l’Etat du Sénégal, notamment le ministère de la Culture, fait».
 
En effet, aujourd’hui, le cinéma sénégalais brille presque à tous  les niveaux, même si au Sénégal les populations ne vont pas trop souvent vers le cinéma. Et, pour changer la donne, Hugues Diaz trouve qu’il faut de «véritables» distributeurs de cinéma. «Le cinéma, c’est quelque chose de très structuré, on a des producteurs, des exploitants, des distributeurs. Mais, aujourd’hui, pour qu’il y ait un accès réel et de façon durable pour les productions auprès des populations, il faut reconstituer la filière distribution», a indiqué le directeur de la Cinématographie.
 
En outre, il a relevé que ce n’est pas à l’Etat de faire de la distribution cinématographique. «La distribution cinématographique est un métier dans la chaine de l’industrie du cinéma dans le monde. Distribuer, cela veut dire donner aux télévisions, aux salles de cinéma existantes, donner à des salles alternatives parce que même s’il n’y a pas de salles, il y a le cinéma mobile. Il y a des festivals où il y a des distributeurs qui gèrent les productions au niveau sénégalais, ce qui peut aujourd’hui permettre à toutes ces productions qui se font» d’être accessibles, dixit Hugues Diaz.
 
LES TELEVISIONS DOIVENT JOUER LE JEU, EN ACHETANT DES CONTENUS ET EN RESPECTANT LA PROPRIETE INTELLECTUELLE, LE DROIT D’AUTEUR
 
Le manque de salles de cinéma au Sénégal a pour conséquences de freiner le développement du 7e art. D’ailleurs, le Sénégal produit des documentaires, des fictions et des films d’animations, mais «cela ne se vend que dans des festivals étrangers». Ce qui fait dire à Hugues Diaz qu’«il faut reconstituer cela et qu’on ait un écosystème favorable».
Selon lui, les télévisions et les plateformes doivent jouer le jeu, en achetant des contenus. «Il faut qu’on respecte la propriété intellectuelle, le droit d’auteur. Si une plateforme est intéressée par une production, il faudrait acheter ne serait-ce que des droits au niveau initial. Il faudrait qu’on ait au Sénégal un environnement économique, législatif et réglementaire qui puisse permettre de faire bien circuler nos films et avec aussi des limites surtout, l’Etat régule avec des dispositions pratiques auxquelles ces télévisions, ces plateformes et tous ces réseaux alternatifs devront se soumettre», a souligné Hugues Diaz. Lui qui s’est félicité du lancement du réseau d’exploitation de distribution du cinéma africain initié par des sénégalais au Fespaco, tenu au Burkina Faso.

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Ham Kode

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